Avoir des multiples (entendre par là des jumeaux, des triplés ou plus…soit trop), c’est connaître la chance (ou pas) de faire des activités avec des enfants du même âge. Pas besoin de sortir la boite à formes pour l’un pendant que l’autre joue tout seul au Lego. Certaines fois, ils peuvent jouer tous ensemble.
Avec des triplés, nous avons l’honneur d’assister à une bagarre perpétuelle pour savoir qui commence, qui sort le jeu (rarement pour savoir qui le range bizarrement), qui distribue les jetons… Il y a toujours une raison extrêmement valable de se donner un petit coup de pied sous la table ou de crier plus fort que l’autre. En plus, ici, on parle fort.
Nous vivons actuellement une période où ils testent, où ils développent un esprit de compétition, où ils sont solidaires.

En ce moment, ce qui pourrait être un atout pour notre sain sommeil ne l’ai pas. Au lieu de tranquillement se réveiller le dimanche matin et de voir les enfants jouer tranquillement dans la salle de jeu, nous entendons à travers nos murs en carton-pâte les débats envolés de nos trois grands de 5 ans. Les yeux encore gonflés du réveil dynamité, je les ai tous fait asseoir autour de la table de la cuisine pour leur expliquer :

Pourquoi il faut apprendre à jouer ensemble ?

La raison la plus objective est évidement que, moi, la maman et lui, le papa, avons clairement besoin de repos et que bien entendu, nous ne faisons pas partie des rares personnes capables de se réveiller serein dans les cris. J’ai juste envie de courir chez une amie célibataire et de lui dire de me prêter vite fait sa vie avant que ma tête n’explose comme dans les Lemmings.

Les lemmings c’était un jeu vidéo. Il y a longtemps. Les petits personnages pouvaient exploser.

J’ai invoqué une raison bien plus entendable : “Mes enfants (d’une voix très solennelle), vous avez une très grande chance d’avoir 2 frères et sœurs du même âge. C’est exceptionnel, ça n’arrive pas souvent (tu m’étonnes !).
Lolo Cacao me coupe. Elle commence à me citer deux copines jumelles : “Louise et…

– CHUTTTTTTTT. C’est moi qui parle Lolo. Il faut que tu m’écoutes sinon tu ne vas comprendre ce que je dis et c’est important. Donc, vous êtes exxxxxtreêeemement chanceux d’être trois enfants du même âge. Vous pouvez jouer ENSEMBLE. Regardez Théo (un copain), s’il veut jouer à un jeu de grand, sa petite soeur ne peut pas jouer avec lui. Vous, c’est comme si vous aviez des copains toujours avec vous.

Danou qui se croit dans son droit, prend la parole : Lolo, elle veut toujours faire la chef.”
J’aurais envie de répondre “C’est le jeu ma pauv’ Lucette” mais ce ne serait pas juste. C’est vrai que Lolo veut toujours faire la chef. En vrai, c’est la chef.

Je décide donc que désormais : “on va fabriquer un brassard en tissu. Vous le porterez chacun votre tour pour savoir qui s’occupe du jeu du début à la fin. C’est à dire qui le sort, qui donne les cartes ou les jetons, qui construit le jeu, qui dit les règles et qui le range. Attention, c’est une grosse responsabilité.”

Ils ont tous l’air bien contents. Bien sûr, ça s’entend.

Ava Banana semble vouloir en terminer avec cette discussion : “Maman, il faut qu’on range le linge pour faire la chasse aux chaussettes !”.

J’ai lancé l’idée du brassard un peu vite. Je n’ai pas bien réfléchi à toutes les modalités. Est-ce que le “chef du jeu” doit assurer le bon fonctionnement ? Est-ce qu’il est puni pour les autres en cas de problème ? Je me pose encore beaucoup de questions. Je préciserai les règles plus tard. J’ai besoin de voir cette initiative en action. Dans le quotidien, je ne sais pas si ça va marcher, si nous aurons l’effet escompté, si c’est une bonne idée mais je teste, je tâtonne, bref, j’apprends à être maman.

Pour comprendre ce que c’est que la « Paracha de la semaine », c’est ici : « La paracha de la semaine, une question expliquée aux enfants »