Je ne suis pas enceinte, même que ça date. Comme j’ai été enceinte deux fois aux même dates (avec des accouchements les 20 et 22 janvier, on est synchro), la période estivale me renvoie au début de mes grossesses. Comme des brèves de souvenirs de ce moment hors du temps où j’ai porté mes 4 enfants.
Souvent, quand on parle grossesse, maternité, on parle d’excitation, de bonheur intense. Pour ma part, les premiers mois de grossesse ont été comme la suite : du stress, de l’angoisse, des peurs. Et aussi du plaisir quand je les ai senti bouger. Enfin la sensation d’être enceinte et pas juste enflée.
J’ai l’impression d’avoir eu tous les maux que l’on peut lire sur le forum doctissimo.
En ouvrant ma boite mail ce matin, parmi, les 375 courriels gentiment envoyés par des inconnus prénommés “Donotreply” (ce prénom devait être largement donné dans les années 80), il y avait une newsletter avec pour objet : “Saignement
Comme cette question, j’ai bien dû la taper dans Google plusieurs fois, et même Yahoo (juste pour vérifier), je me suis sentie l’envie de l’évoquer ici.
La grossesse : ce moment de questionnement
J’ai les seins qui font mal pendant que je dors sur le ventre. Chouette, je suis enceinte ?
Merde, mes nénés sont tous raplaplas, je ne ressens plus rien. Purée, encore une fausse joie ?
J’ai eu des nausées pendant 15 jours comme si j’étais sans cesse au fond d’un autocar sur des routes escarpées de hautes montagnes. Du jour au lendemain, ça s’est arrêté. Est-ce que TOUT s’est arrêté ?
J’ai des saignements. Pas beaucoup, mais c’est bel et bien du sang. Je dois m’inquiéter ? Faut que j’aille voir mon gynéco ? Les urgences ?
Pour mes triplés comme pour mon dernier j’ai eu des contractions. Beaucoup plus que 10/15 par jour. Elles n’étaient pas douloureuses mais, pour sûr, ça contractait. Dès 4 mois. Et mon col, il est stable ? C’est ouvert ? C’est dangereux ? (question subsidiaire : c’est où/quoi le col ?)
C’est un petit florilège de ce qui m’a inquiété. Il y avait sûrement des raisons. Certaine fois pas. Certaine fois trop. Rarement pas assez.
Jamais pas assez.
Mais comment fait-on quand on est enceinte ET stressée ?
Avant même d’avoir la chance d’uriner sur un bâton à 15€ pour ensuite le jeter, je m’étais questionnée sur le stress généré par une grossesse.
On m’avait dit “arrête d’être stressée, tu ne tomberas pas enceinte comme ça”.
Sachez qu’il naît très régulièrement des bébés issus de mamans stressées. Ça ne facilite sûrement pas les choses, mais ça peut très bien être compatible.
La preuve derrière cet écran.
Il existe des mères zen, des actives, des ramollies, bref, autant de type de mère que de type de femme.
Ensuite, il a fallu vivre avec : un moment de “boang“, BOnheur et ANGoisse réunis.
C’est un peu moche de dire que la grossesse ça peut être de l’angoisse. Ça casse tout le côté roudoudou de ce moment privilégié.
Pour me rassurer, j’y ai mis les moyens
Les forums m’ont fait flipper même si l’entraide et l’écoute qui les caractérisent en font un espace épatant.
Les docteurs n’étaient pas toujours à l’écoute, ils n’avaient pas toujours le temps.
Les ami (e) s n’ont pas toujours les mots ni la même expérience. J’en ai choisi quelques-unes auprès de qui m’épancher.
Et bien sûr, il y a eu mon mari, beaucoup moins stressé. En tout cas, il a bien fait semblant pour me préserver.
Les urgences gynéco, est-ce que je peux y aller ?
S’il n’y avait pas eu ce petit vicelard dans mon cerveau pour me rabâcher que “ce n’est peut-être pas normal d’avoir ces maux”, j’aurais sûrement réussi à m’endormir pour espérer un réveil serein. Mais voilà, quand l’angoisse ne vous quitte pas, l’oreiller et la couette ne s’avèrent pas des objets de première nécessité. Dans ces moments là, on aimerait avoir un échographe à disposition dans la pièce d’à côté. Ou un scanner complet ultra perfectionné, juste pour être sûre. Etre sûre que tout va bien.
Comme ces machins c’est super cher et que le Lidl d’à côté n’en vend pas, il faut trouver une solution de repli. Certaines fois, le rendez-vous dans 2 jours chez mon doc habituel convenait. D’autres fois non.
Dans ces cas précis, c’est avec la peur de se faire rembarrer que je contactais la maternité ou même que je m’y rendais. Après, mon corps me ré-appartenait. Au moins pour les 10 jours à venir.
Et puis, petit à petit le terme s’approchait, le ventre grossissait. Enfin, c’était le jour J. Les doutes se sont envolés au moment de la poussée (ou de l’ouverture “forcée”). Ils étaient là, enfin dans mes bras et moi, enfin libérée.
Chaque fois, le début de l’été me rappelle cette période où, contrairement à mon habitude, j’étais désemparée, fragile, comme habitée. C’est peut-être aussi un peu ça d’être enceinte, enfin, en tout cas pour moi, c’était le cas et j’aime bien dire qu'”on y est quand même arrivé même si j’étais une maman enceinte stressée“.
Claire, la control freak du service maternité
Mais bien, oui, voilà, c’est tout à fait ça, à une différence près (si minime), j’en avais qu’une à la fois dans l’utérus !
C’est dérangeant de vivre ses grossesses comme ça mais je crois qu’on ne peut pas changer quelqu’un de nature stressée… il faut faire avec. Les grossesses sereines ne sont pas pour nous. Tant pis.
Je n’ai jamais osé écrire sur le sujet, merci de l’avoir fait (et bien fait).
Vas-y lance toi (et préviens moi). Je pensais que ce serait différent avec le dernier où il n’y avait aucune raison médicale pour avoir peur et puis…non.
Il m’émeut ton article car c’est un vrai miroir. Mes grossesses ont été tout aussi pourries, une énorme angoisse, et tous les maux possibles et imaginables pendant 9 et 8 mois. D’ailleurs je remercie mes jujus pour m’avoir épargné un mois de grossesse en plus 😉 Pour moi, finies les grossesses, mais pour les futures “parturientes” (oh qu’il est laid ce mot), sachez qu’il existe des psychologues spécialisés en périnatalité. Pour moi, une grande aide.
J’en avais rencontré une pour mon hospitalisation pour les triplés. Ça m’a aidé mais malheureusement ça n’a pas suffit. En fait, je crois que rien n’aurait suffit.
Je te rejoins à mort là dessus. Sur le début de l’été aussi, c’était pareil pour moi l’année dernière…
J’ajouterais qu’il ne faut jamais hésiter à aller aux urgences. Je suis parfois restée plusieurs jours avec mon stress et je le regrette avec le recul!
Hé puis si ils te rembarrent quand tu viens, tu les rembarre encore plus fort 😛
Moi, j’appelé avant d’y aller, en général, on me donnait des réponses ou on me demandait de passer. C’est vrai, il ne fait pas hésiter à exprimé ces peurs et s’orienter vers des pros qui peuvent rassurer.
moi, je suis en plein dedans, et là, c’est pire que tout ce que tu décris :/
la déprime totale, des questions (encore), même si c’est le 4ème, mais celles-ci ne sont pas les mêmes … et toujours aussi compliqué d’y trouver des réponses, enfin surtout des “gens”, (des “vrais”, pas des “cyber”) pour y répondre …
Et moi qui voulais profiter à fond de cette dernière grossesse … raté ! enfin, il me reste encore quelques mois, pour passer du “ANG” au “BO” 😉
merci d’être là avec cet article ce matin, un article qui ose défier les “façades” qu’on se sent obligée de tenir pour l’entourage …
D’ailleurs, étrangement, quand les gens prennent de tes nouvelles, si tu leur dis : je croule sous les nausées et autres réjouissances ! : “oh, ma pauvre, t’as pas de chance, mais ça va passer …”, mais si tu leur dis : physiquement, tout baigne, mais psychologiquement, ça va pas du tout … : là, tout le monde regarde ses pompes … :/
enfin, ça y est j’ai cassé l’ambiance des com’, mais ça fait du bien …
bonne journée Claire et merci encore <3
Tu n’as rien cassé du tout. La grossesse n’est pas obligée d’être un épanouissement totale. En fait, il existe autant de grossesse que de femme ! Courage pour les mois à venir, à un moment le bébé sort, ça au moins, on en est sûre !
Je me reconnais bien dans ce billet, sauf que pour moi c’était en décembre, mais ces doutes, ces angoisses, je les ai vécues ! Pour ma part, je pense que c’est du en parti à la PMA, on nous a tellement préparés à l’échec que le fait de tomber enceinte lors de notre première FIV c’était trop beau pour être vrai !
Je pense aussi que ce qui est avant la grossesse joue beaucoup. Bon, heureusement, quand ils sortent en bonne santé, on de-stresse. Au moins pour 5 minutes !
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Juste une question,vous n’évoquez pas la possibilité de trouver de la réassurance auprès d’une sage-femme. Il me semble pourtant que cette réassurance fait partie de ses “fonctions”.
Du coup, j’ai envie de savoir pourquoi cette profession est absente de votre témoignage.. Vous n’avez pas trouvé de sage-femme disponible ? Ou vous ne saviez pas que vous pourriez la consulter ? Ou vous ne souhaitiez pas en rencontrer ?
Je m’interroge…
J’ai eu bien entendu une sage-femme qui m’a suivie de près, notamment pour ma grossesse triple. J’avais également rencontré une autre sage-femme pour ma grossesse simple qui a suivi. J’ai bien signifié mes peurs. J’aurai effectivement dû me réorienter vers une personne qui était plus sensible à mes angoisses car ce n’a pas vraiment été le cas. Sûrement un coup de mal chance. Il était d’autant plus compliqué de s’offrir la chance de trouver une personne pro en qui ont a vraiment confiance pour suivre une grossesse triple à domicile, il n’y a pas foule sur mon paillasson. Mais, vous avez raison, une sage-femme à l’écoute aurait été précieux. La grossesse étant un moment tellement particulier, je pense (et c’est personnel) qu’il faut trouver une personne avec qui on se sent en confiance. Ce n’est pas toujours simple de trouver. Ça n’a pas été le cas pour moi malheureusement. A la fois, je crois que personne n’aurait pu me rassurer car les peurs ne tiennent pas toujours du raisonnable.
J’avais également était suivi par une psychologue spécialiste en prématurité tout au long de ma grossesse triple sur ma demande mais ça n’a pas suffit. Néanmoins, vous avez raison, parler des professionnels dans l’accompagnement de la grossesse (et également de la PMA où ils sont malheureusement quasi-inexistants) aurait était intéressant. Sûrement un futur article 😉 !
J’ai eu la chance de vivre 2 grossesses sereines et relativement apaisées, mais ma soeur a vécu les siennes d’une manière similaire à toi, donc je ne peux que compatir 🙂
😉 Je compatis avec elle aussi.
Je suis tout à fait de l’avis de Claire ! Il me semble important, voire vital, dans une grossesse stressée pour X raisons, qu’elle soit simple ou multiple, d’être suivie par des professionnels, chacune selon sa sensibilité et ses demandes, mais malheureusement, ceux-ci ne courent pas les rues ! et pour en rajouter, il faut se sentir bien avec cette personnes, pour dialoguer, ce qui semble resserrer encore davantage, le champ des possibles :/
(sans compter, quand on habite un bled paumé, comme moi LOL)
Ah, le bled paumé dans le suivi de la grossesse, c’est pas de bol !