On les appelle “les triplés”

J’ai bien tenté de lutter contre, j’ai traversé la mer à contre-courant (au moins ça) pour permettre à chacun de se construire une identité, j’ai prévenu, insisté supplié…mais…en vain. Où qu’ils soient, on les appelle : “LES TRIPLES“.

Ce soir, c’était le cas quand on me les a appelé à la garderie : « oh oh, les triplés, y’a votre maman ! »

Quand le “moi” est en crise

(pardon, je voulais absolument offrir à cet article, l’espace d’un titre, une connotation philosophicoélitiste. Il n’en est rien.)

En réalité, je trouve que mes enfants (ici, je parle uniquement de mes aînés, les fameux “triplés”) ne sont un pas lot même si la grossesse s’apparente à une “portée”. Ils sont trois. C’est un fait. À part quand j’en oublie un ! Sinon, le reste du temps, c’est bien le cas. Je les compte souvent. Un réflexe de mère de famille nombreuse.*
Aux yeux des autres aussi, ils sont trois. Mais eux font bien moins de différence. Ils les confondent souvent et finissent irrémédiablement par utiliser la solution de facilité : les appeler “les triplés”. Evidemment, ce n’est pas le cas de tout le monde. Evidemment, certains confondent juste les filles (qui n’ont pas la même taille, les mêmes cheveux, le même visage…mais qui effectivement, je veux bien le reconnaître, portent des lunettes…) !

Je me moque gentiment, il y en a beaucoup qui font les efforts : les efforts de les différencier, de les individualiser ou tout simplement, de les appeler par leur prénom, l’un après l’autre, même si cela prend trois fois plus de temps. En général, c’est ceux qui les connaissent bien. Eux savent parfaitement qu’ils sont trois enfants bien différents.

Trois = un groupe

J’ai envie d’en faire trois grands humains bien dans leur peau. Je trouve que ça passe par la constitution d’une identité propre. (vous remarquerez que j’ai utilisé le “je”) Les techniques utilisées pour les individualiser dès la sortie chaotique de mon ventre sont très personnelles et absolument pas universelles. Je ne crache pas sur ceux qui habillent leurs enfants de la même façon quand ils sont jumeaux ou triplés. Simplement moi, je ne le fais pas. Je crois que ça ne m’est jamais arrivé. Trois couleurs différentes pour un même modèle, ça sûrement, Kiabi fait souvent des promos dans ce cas là ! J’aime qu’ils aient chacun leurs vêtements. Pas à tout prix, les filles ont des culottes communes ! (même si la culotte avec la petite souris dessinée c’est celle de Lolo Cacao, tout le monde le sait !)
Dans la même ligne de conduite, j’ai trouvé naturel de ne pas les appeler les “triplés” à tout bout de champ. Ça peut m’échapper quelques fois quand je parle à des gens. La solution de facilité, encore celle-là !
Ils sont uniques et je veux qu’ils le sachent. Mais la réalité, c’est aussi qu’ils sont trois. Un groupe de trois. Trois enfants qui ont grandi ensemble 7 jours sur 7, qui ont marché quasi-simultanément, qui se sont relayés avec les cuillères de purées, qui ont appris à patienter et à faire attention à l’autre, qui ont fait des coups montés, qui ont joué des heures ensemble dans leur immense parc pendant que je les regardais (en buvant 17 cafés pour rattraper les nuits particulièrement hachées)…

Je n’est pas souvent mal pris les réflexions dans la rue quand avec eux petits, je me promenais. Parce que, c’est vrai, des triplés, c’est un peu surprenant. Bien sûr, à la longue, c’est chiant, ça fait un peu bête de foire ou comme dans le film Les soeurs Dionne (une histoire de quintuplés qui sont monnayées à l’encontre de toute bienséance).
Heureusement, ils grandissent. La poussette géante est revendue facilement à une assistante maternelle et les regards des passants deviennent un peu différents. Ils restent toujours trois, mais 3 grands, ça impressionne moins que 3 bébés. (même si dans les faits, à chaque âge ces réjouissances) Disons que 3 bébés, c’est presque une micro-crèche en sortie !

En fait, non.

Je voulais donc pousser un coup de gueule, envoyer du lourd en disant “STOP, purée, arrêtez de les appeler LES TRIPLES”, et bien non. Mon article tombe complètement à l’eau (comme les raccordements de tuyauteries que j’ai lamentablement montés aujourd’hui…et qui ont fui).
En fait, ce sont des triplés.
C’est à la fois un état de fait, une spécificité et une force. Normal que les autres ne le voient pas autrement. Mais quand même, vous pouvez les appeler par leur prénom parce que ça leur va bien. Prenez le temps de les connaître, un à un, c’est le seul point sur lequel j’ai réellement envie d’insister.

* Petite pensée à Sabines qui comptent souvent ses associés !

Claire, la “maman de triplés”…et d’un petit dernier.
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