Jusqu’au 9 mars je parle de jumeaux, de triplés. Le gros lot. C’est la quinzaine des gagnants !
Je suis maman de triplés. Je les ai eu naturellement. Par césarienne, mais naturellement. Oui, ils sont sortis de mon ventre.
Pour en avoir trois, j’imaginais que j’allais avoir une gestation d’éléphant. 20 à 22 mois environ. En réalité, pas du tout. Ces trois bébés ont dû se former comme des grands, chacun à sa place dans son petit nid.
Le gros défi est qu’ils évoluent simultanément. Le petit gros n’a pas le droit de tout piquer à ses soeurs ou inversement.
En plus, il faut ajouter que, s’il est aussi surprenant de voir des triplés c’est peut-être parce que la nature ne réserve ce cadeau qu’à de très rares privilégiés !
Celles-là, en majorité, elles vont bien en chier. Pour moi, ce fut le cas.
Afin de bien se rendre compte du déroulement de ma grossesse triple, je vais vous en parler mois par mois. Big Brother éteint ta caméra. On passe en MP.
Je vous épargnerez les histoires de cicatrices ou d’épisio. C’est un peu beurk. Je sais que certaines aiment en parler. Moi, dans le genre gore, je préfère les histoires de morves ou de caca.
J’aurai pu faire un résumé de ma grossesse multiples ainsi. Toute ressemblance avec des personnes ou des faits existants ou ayant existé serait vraiment la faute à pas de chance.
S’il l’on ne peut même pas rire de sa propre situation !
Comme j’aime les détails croustillants et les anecdotes singulières, je vais entrer avec plus de précisions dans cette aventure intérieure. Il existe bien des sites où l’on peut suivre l’évolution du foetus au fil de la grossesse. Moi, je vais aborder le côté perso du truc. les choses que l’on ne révèlent pas comme ça.
Grossesse triple : mois 1
(3-4-5-6 semaines d’aménorrhée = semaines sans règle)
Le bonheur, la peur. Je viens de passé 15 jours à glander en détourant des photos pour mon boulot devant les Frères Scott. Un agenda honteusement léger.
J’ai des nausées le matin, le midi, le soir. Mon démon du moment : l’odeur des sacs poubelle…neuf…. La bassine est toujours à mes côtés.
Grossesse triple : mois 2
(7-8-9-10 semaines d’aménorrhée)
Premier rendez-vous avec Grand chef sioux aka le chef de service de la maternité. Lui et une sage-femme formidable nous prennent en charge.
Une seule consigne : rester le plus possible allongé, ne jamais hésiter à venir leur rendre visite si quelque chose déconnait.
Les nausées sont toujours aussi sympas. Seule la soupe de nouilles méga-épicée du Chinois d’à côté soulage mon estomac barbouillé.
J’aimerais faire une petite dédicace à la Peugeot 806 de Nono et BK (parents de 6 enfants), gentiment prêtée à cause d’une sombre histoire de porte de garage qui a découpé notre voiture en deux. A chaque trajet, l’odeur ambiante de chips écrasés, de sueur, de couches de bébé me projetait directement dans le monde merveilleux des reflux.
Mes seins commencent à grossir légèrement. C’est la victoire du moment.
Mon ventre commence à gonfler.
Grossesse triple : mois 3
(11-12-13-14-15 semaines d’aménorrhée)
Là, ça se voit carrément. Je dois changer mes pantalons. L’équivalent d’une maman enceinte de 5 mois et demi environ. C’est le moment de l’annoncer. (c’est un peu dur de le cacher)
Les nausées se calment doucement. Maintenant, j’ai juste envie de faire pipi.
Je ne les sens pas encore bouger. Je dois prendre rendez-vous avec une sage-femme qui viendra à domicile 2 fois/semaine. Mes rendez-vous à l’hôpital n’ont encore lieu qu’une fois par mois pour le moment.
J’ai pris 6 kilos pour l’instant. L’arrêt de la clope et le retour à une alimentation très équilibrée y sont pour beaucoup.
Grossesse triple : mois 4
(16-17-18-19 semaines d’aménorrhée)
Me voilà en congé maternité ! Et oui, c’est 24 semaines avant la date prévue d’accouchement et 22 semaines après pour des triplés. Pour les jumeaux, c’est 12 semaines avant, 22 après.
C’est aussi le moment des premières contractions de mon côté. Je ne sais pas vraiment ce que c’est, mais mon ventre durci. J’en informe la sage-femme. Pas de douleur. Elle m’explique que c’est normal, que mon utérus à besoin de s’étirer. Ca porte même un nom : contractions de Braxton Hicks.
Désormais, je viendrai tous les 15 jours pour vérifier.
Elle me déconseille aussi de me crémer le ventre. Je vais me transformer en zèbre, sûrement. Mon utérus est contractile à ce qu’il parait.
Je m’arrondis bien comme il faut.
Je passe encore ma vie sur le canapé. Merci “Il était une fois la vie” sur Gulli à minuit.
Ce mois-ci, c’est presque une grossesse standard. A part qu’elle se déroule à l’horizontal. Sûrement pour lutter contre la gravité.
Grossesse triple : mois 5
(20-21-22-23-24 semaines d’aménorrhée)
On pourrait croire que j’accouche dans un mois. Plus 12 kilos au compteur. Je porte de beaux bas de contention glam’sexy blanc avec les doigts de pieds à l’air.
Mon ventre est souvent tendu décidément. C’est sûrement à cause des petits coups de pieds que je sens désormais un peu partout dans mon ventre rond.
Cette sensation est folle. J’identifie bien chacun de mes bébés. C’est surprenant, magique, j’ai trois vies en moi.
La sage-femme pense que ce n’est pas ça. On me dit que mon col est raccourci. Que le travail semble avoir commencé.
Ca ne peut pas être vrai. Pas maintenant. Pas maintenant alors que je les sens. Il est bien trop tôt pour qu’ils sortent aujourd’hui.
Perfusion pour tenter de ralentir Le moment. Une heure en plus, c’est une heure de gagnée. Mon cerveau est sur pause. Je ne suis pas sûre d’entrée dans le 6ème mois. je ne suis pas sûre que demain, mes bébés seront encore là.
Grossesse triple : mois 6
(25-26-27-28 semaines d’aménorrhée)
Néant, rien, nada. Je suis allongée dans mon lit d’hôpital dans le service de grossesse pathologique. Mon mari m’a installé un micro-onde, j’ai un abonnement TV, le téléphone sur la mini table de nuit à côté, des amis qui me ramènent plein de bons trucs à bouffer. Je reste très raisonnable. De toute façon, si ce n’est pas à portée de main, je ne peux pas l’attraper.
Un dimanche après-midi, mon abonnement TV a sauté. J’ai dû regarder la chaîne locale, la seule que je captais, pendant deux heures et demie. J’ai presque apprécié. Je me contente de peu pourvu qu’ils restent au chaud.
J’ai désormais des injections chaque jours d’anticoagulants car je ne peux pas bouger.
J’ai également droit à une injection de corticoïdes pour aider à la maturation des poumons de mes trois bébés.
Ils évoluent bien.
Mes lèvres sont complètement gercées à cause de la chaleur excessive de ma chambre que je commence à adopter.
J’ai quelques difficultés pour manger. Je crois bien qu’il y a un bébé sur mon estomac, un sur ma vessie et un sous mes côtes.
Quand ils gigotent en même temps, c’est un film de science-fiction en 3D.
Grossesse triple : mois 7
(29-30-31-32 semaines d’aménorrhée)
Nous ne pensions pas arriver jusque là, mais maintenant, on vise le podium de la prématurité. 34 SA, c’est le terme à viser !
Je ne peux presque plus respirer. Mes côtes sont douloureuses.
Mon mari prend une photo du dessous de mon ventre, comme ça, pour me faire partager. Il y a deux grosses marques rouges. Je l’engueule : “c’est quoi ça, c’est là depuis quand ????”
Les hormones sont là pour m’excuser. Il me répond le plus amoureusement possible : “ça fait deux jours à peine”. J’ai juste envie de pleurer. Mes premières vergetures. Je suis émue. Une culotte trop petite m’aurait fait le même effet. Je suis à vif.
A partir de ce jour, ma peau a atteint son quota d’élasticité. Comme pour un joli pull en coton qui aurait été traité sans ménagement, je crois que la fibre est distendue. Pas sûre de pouvoir la rattraper.
Grossesse triple : mois 8
(33-34… semaines d’aménorrhée)
Ma grossesse s’arrêtera là. A 34 semaines + 1 jours.
J’ai pris 18 kilos la dernière fois que l’on m’a pesé (ça date d’au moins 3 semaines mais comme je ne dois pas me lever, pas la peine de ramener la balance, je m’en passerai).
Un beau matin d’hiver, les messieurs en blancs ont remonté les barrières sur le côté de mon lit qui m’avait collé au cul pendant 11 semaines d’affilées.
Mon mari était prêt. La salle d’accouchement était bondée. Les petits sont nés en bonne santé à plus de 2 kg chacun. Il y a eu quelques jours de berceau chauffant mais rien d’alarmant.
L’après césarienne (bon, je suis un peu obligée de la citer) m’a fait horriblement mal. Mes muscles avaient fondu…. je ne vais pas en rajouter. Vous avez sûrement déjà pitié.
Le bon point : lors de l’allaitement; j’ai eu des seins énormes.
Voila à quoi ressemblait ma grossesse pour mes triplés. Des fois c’est pire, des fois c’est mieux. Certaines mamans accouchent même par voie basse.
Le plus important, c’est qu’ils soient tous nés en bonne santé. Pour mon petit dernier, j’ai trouvé mon ventre très léger !